« T’as fait quoi pendant la révolution Internet? – J’ai perdu mon job ».
Propos de David Nicholas, prof. à l’University College of London, lors de sa communication donnée au CERN, dans le cadre d’un « Library Science Talk« , organisé par nos collègues suisses et portant sur les « Digital Consumers », à laquelle j’ai assisté lundi.
Vous retrouverez l’essentiel de son propos dans les actes du colloque de Lille (à paraître), où D. Nicholas était également venu présenter les résultats de l’enquête menée par son groupe de recherche.
Quelques éléments tirés de sa présentation:
-Nous (les bibs) travaillons toujours sur les bases d’un paradigme ancien, celui du livre, alors que Google a bouleversé le paysage informationnel et la façon d’y accéder.
-Comment réagissons-nous à ça? Dans nos pratiques professionnelles? Pourquoi persistons-nous à proposer des catalogues moches/lents/compliqués? En moyenne, 2.3 mots sont utilisés pour lancer une recherche : quel est l’intérêt de continuer à proposer la recherche avancée (que personne n’utilise) ? 4 mois après qu’il ait indexé le contenu de ScienceDirect, 1/3 du trafic sur les journaux de physique venait de Google.
-Quelle place allons nous occuper dans ce paysage? Nous étions jusqu’ici des intermédiaires, dont l’usager va se passer de plus en plus : les profs ont déjà déserté les bibliothèques, les étudiants ne vont pas tarder à le faire (accès distants, 24/7, sans parler des smartphones)
-Changement dans les pratiques: + de la moitié des visiteurs d’un site Web ne lisent qu’une à trois pages (ou le résumé, si l’article est long). La tendance est au « picorement ». Nicholas prend l’exemple d’un immense supermarché, au réassort permanent. Conséquence, l’usager devient « consommateur », puisqu’il a le choix. Et comme il ne supporte plus d’attendre une réponse à sa requête, pas sûr qu’il passe du temps à interroger nos OPAC. Généralisation du « multi-tâches », (ex. du tweet pendant les conférences, je ne me sens pas visé, il n’y avait pas de WiFi ouvert au CERN…)
-On ne sait pas ce qu’il va advenir de la « Galaxie Gutenberg », mais on peut trouver l’article Wikipedia correspondant en 0.34 secs…
–« le futur c’est maintenant, et la majorité des gens (ie des bibs) n’en ont pas encore pris conscience ».
Vous pouvez retrouver les résultats de l’enquête dans ce bouquin, et l’enregistrement de la conférence ici.
A part ça, je trouve le principe des « Library Science Talk » vraiment intéressant : une programmation variée, établie à l’avance, des conférences « doublées » entre la BN Suisse et Genève. Pourquoi on n’a pas ça nous? Par ex. à la BNF et à l’Enssib?
[photo : Future or Bust! / Vermin Inc]
Pingback: Changer la bibliothèque?… « Ma(g) BU
Bah si moi je l’utilise à balle la recherche avancée…
Et puis à ce que je sache, on peut avoir des livres chez soi, ça nous empêche pas d’aller bouquiner en bibliothèque.
J’ai internet, ordi, 3G etc…ben je suis une squatteuse de BU. Pourquoi? Parce qu’on aura beau dire, rien ne veut le regard compatissant d’un illustre inconnu, assis en face de vous, lorsqu’il vous voit galérer sur la rédaction d’une quelconque note de synthèse. Et pis c’est calme, et pis il fait chaud (la plupart du temps), et pis c’est beau une BU, et pis quand on aura tout ramené à la maison (la presse quotidienne, le travail, la littérature), et ben on sera tous devenus des grands autistes déprimés qui aurront peur d’affronter le monde.
Hanlalala comme elle est réac ta cousine Gaël….;)
PS: c’est franchement étrange que leur wifi ait été fermé pendant leur conférence……:)