A la demande de la Cellule eBook Couperin, Marlène Delhaye et moi avons pris quelques notes pour rendre compte de ces journées organisées à la BULAC le 6 avril dernier, et consacrées à « l’intégration du livre électronique dans l’écosystème de l’établissement » sur nos blogs respectifs.
Compte-rendu forcément partiel, que j’espère pas trop partial.
Six ateliers étaient proposés au cours de la journée, nous n’avons pu en couvrir que deux chacun.
“Que puis-je mettre sur mes tablettes ?”

Animé par Elise Chappoy et Guillaume Hatt, CeB Couperin
Quelle offre proposer en milieu universitaire (notamment de niveau recherche), en tenant compte des formats et des contraintes techniques ?
Un point sur le marché des tablettes en France :
11,5 millions de smartphones et 1,5 million de tablettes tactiles vendus (entre 70% et 97% d’Apple selon les études), ainsi que près de 100 000 liseuses (étude GFK).
Les prévisions de ventes en France pour 2012 : 3 millions de tablettes. 10% du trafic Web sera opéré depuis une tablette connectée.
Quels usages sont faits de ces tablettes : on note une place relativement anecdotique de la lecture de livres sur tablettes (à mettre en rapport avec l’offre de ebooks disponible sur le marché), mais on assiste à la pénétration de la lecture de journaux.
Après un rappel sur les différences techniques entre les liseuses (type Kindle) et tablettes (type iPad), on passe en revue les usages en BU sur des tablettes proposées au prêt (peu sont prêtées vides dans les différentes expériences étudiées, la plupart aux USA) :
- pré-téléchargements de contenus : lecture de cours, préparation de concours, parcours thématiques
- pré-téléchargements de contenus conçus par la bibliothèque (donc gratuits) : guides d’utilisations, modules recherche documentaires
- pré-téléchargement des contenus les plus demandés (gratuits/payants)
- pré-téléchargement de contenus audio (podcasts de cours ; publics empêchés)
- pré-téléchargement de contenus libres numérisés (collections patrimoniales)
- abonnement à des contenus “presse” mais pas de modèle d’abonnement pour BU sur ces outils
- prêt de terminaux à vide (mais s’apparente alors à un test avant achat)
Ensuite, une revue des services possibles en BU (la tablette comme outil du bibliothécaire) :
- « revolving librarians » (NYPL et NYUL) : conseil en allant au devant des lecteurs (primo-arrivants ; période de saturation de la bibliothèque, diversification des lieux et des pratiques d’accueil)
- intégration aux dispositifs de formation des publics (trame d’exercice pré-chargée ; pratique documentaire sur la tablette connectée)
- Accompagnement des visites guidées
L’aspect “ludique” peut jouer dans l’appropriation. La tablette comme appât ?
Les offres pour tablettes, diffusion des contenus :
Le streaming : rien à installer (plutôt positif, pour l’usager comme pour le bibliothécaire) mais des problèmes de compatibilité (Flash, problème pour l’iPad, sur CAIRN par ex.), et nécessite une connexion permanente.
Question sur le rôle et la place d’Apple et de son écosystème : la main-mise sur les contenus pédagogiques est-elle à craindre (avec sa tablette, son format iPub) comme sur la musique il y a 10 ans avec iTunes ?
Le téléchargement : il autorise le nomadisme, puisque la consultation n’est pas liée à une connexion Internet (aspect positif), mais si présence de DRM, la gestion peut être lourde pour la bibliothèque, voire un frein à l’usage (aspect négatif)
Un point sur les formats rencontrés :
Le PDF domine (majoritaire dans l’offre de niveau recherche), on assiste à une croissance de l’ePub, et au développement d’applications dédiées à un type de terminal (Numilog, Elsevier, Pearson)
Les applications proposées par les fournisseurs de ressources numériques, l’exemple de l’application ScienceDirect. :
Elle ne peut fonctionner de façon pertinente (c’est à dire d’avoir accès au texte intégral), puisqu’elle nécessite d’être sur campus. Or l’usage sur ces terminaux est un usage mobile…
Le modèle a été pensé pour un usage grand public pas pour un usage “BU”.
Questions : est-il utile de proposer une offre de ebooks alors que tout est disponible en piratage ? Quelle place aura le format ibooks d’Apple ?
Les contraintes techniques, qui « empêchent » les usages, peuvent être dépassées. Par exemple, Bluefire Reader est une application gratuite qui permet la lecture avec Adobe Digital Edition sur iPad. Mais s’apparentera à une vraie contrainte dans le cas de la gestion d’un parc de tablettes à la BU, ou pour promouvoir ces modalités d’accès (installation de l’application, suivi des mises à jour).
Apple et son iPad ne sont pas les seuls à “empêcher” la lecture, les problèmes existent quels que soient les systèmes
Enfin, plus qu’une conclusion, ce sont des questions qui viennent, puisque ces usages débutent :
– Les offres des fournisseurs sont vécues comme un frein à l’expérience
– Les choix techniques priment-ils sur la sélection et la scénarisation de contenus? (oui)
– La maintenance du parc de tablettes : une activité sous-évaluée dans nos BU? (conception et mise à jour du « master », gestion des authentifications, réinitialisation des tablettes, batteries, etc…)
« Les DRM (Digital Rights Management) »
atelier animé par le MOTIF

Les dispositifs anti-copie apparaissent au début des années 1980 (chez Disney, Warner Bros)
L’arrivée d’Internet, à la fin des années 1990 a permis l’échange de fichiers (notamment mp3)
Les DRM ont été mis en place pour limiter la copie et l’échange
Mais les DRM sont facilement crackables => le dispositif est un échec
Les DRM n’ont pas réglé les problèmes de la crise de l’industrie (musicale, cinématographique)
Des alternatives ?
streaming comme alternative au téléchargement
FairUse : contrôle a posteriori
Problèmes de la communication, de la conservation pérenne des documents numériques. Compatibilité des formats, compatibilité et pérennité des matériels pour lire.
Les copies pirates sont disséminées sur Internet, sont très facilement accessibles, et elles sont proposées dans des formats ouverts et pérennes.
Le MOTIF
Observatoire créé par la région Île de France (2008), a notamment réalisé et publié plusieurs études sur les « ebookz », le piratage de livres sur Internet.
Le DRM est-il un frein aux usages ? Incite-t-il au piratage ?
La facilité de crackage n’implique pas forcément une incitation au piratage.
Le prix élevé inciterait aussi au piratage, comme les difficultés liées au DRM.
Les DRM Adobe très contraignants (nécessité d’enregistrement d’un compte, configuration)
Le piratage comme absence de contrainte.
Variantes de DRM : Amazon et son système de prêt : Un livre/mois pour une durée d’un mois (chrono-dégradable et lisible sur Kindle)
Le « Watermarking » (tatouage numérique) permet d’identifier acheteur, qui n’est pas forcément celui qui a mis en ligne le fichier “pirate”
Que trouve-t-on en version « pirate » ?
entre 1 et 2% de l’offre légale papier trouvables disponibles sur les réseaux pirates.
On y trouve des best-sellers, des ouvrages pratiques, scolaires, d’informatique et de cuisine.
La version pirate est souvent un livre scanné (souvent en provenance de BU).
Un portrait du pirate :
Le prix de l’offre numérique légale est jugé trop élevé, il y a une philosophie de la mise à disposition gratuite de contenus.
Les DRM sont une contrainte, volonté de « libérer » le fichier, le rendre accessible à tous facilement. L’absence d’une offre légale intéressante (tarif, catalogue) est à noter.
Il y aurait donc un piratage « par défaut ».
Question sur le p2p. Qu’est-ce ? Qu’y trouve-t-on ?
Ce ne sont pas les réseaux p2p qui sont « pirates », mais certains usages qui en sont faits.
Le streaming serait la solution ? Les offres existent pour de la lecture, mais nécessitent un abonnement (forfait), et une connexion au Web.
La BD
50% de l’offre disponible en librairie est disponible en version pirate pour la BD.
Un travail éditorial est pratiqué par certains pirates (traduction et mise en page de versions françaises, qui sont retirées des réseaux une fois la version « officielle » disponible au téléchargement), notamment sur les mangas.
Question sur l’accessibilité via les outils de la bibliothèque par rapport à l’accès via Google et les réseaux : il est plus facile de trouver un ebook sur le Web que d’y avoir accès via la bibliothèque. Cela doit nous amener à sérieusement repenser nos interfaces de catalogues, nos modes d’authentification, et les modes de recherches dans nos catalogues.